Le sens des priorités
La vie qu’on mène est la manifestation d’une hiérarchie de valeurs souvent inconsciente. À travers nos actions et décisions du quotidien, nous privilégions certains champs de la vie et en négligeons d’autres. C’est pourquoi, quand on veut observer un changement concret dans sa vie, il faut s’attaquer à ce « squelette » invisible, en répondant à deux questions :
- À quelle hiérarchie répond votre vie aujourd’hui ?
- À quelle hiérarchie aspirez-vous pour demain ?
Prêt(e) ?
Choisir c’est renoncer
Un des moments les plus difficiles de notre programme Nouveau départ est la séance consacrée aux priorités. Elle implique de savoir donner la priorité à certains pans de notre vie et renoncer à d’autres. Et comme chez beaucoup d’entre nous, le renoncement est la hantise de mes clients. Pourtant cet exercice prend une tout autre forme quand ils réalisent tout ce à quoi ils ont déjà renoncé sans s’en rendre compte.
À quelle hiérarchie répond votre vie aujourd’hui ?
Un moment de vérité consiste à regarder sa vie telle qu’on la mène aujourd’hui et à en conclure la hiérarchie (inconsciente ou pas) qui la sous-tend.
Comment ?
Vous pouvez commencer par décrypter la journée d’hier, la semaine dernière, le mois passé et finalement l’année ou les années que vous venez de vivre.
- Comment avez-vous occupé votre temps ?
- Notion un peu différente du temps mais aussi riche, l’énergie : comment avez-vous alloué votre énergie ?
- Quels projets avez-vous démarrés et développés ? Ou au contraire, abandonnés ?
- Quand vous avez eu à prendre des décisions : quels critères ont fait pencher la balance ? Ne répondez pas de façon théorique : listez plutôt des exemples de décisions récentes et, pour chacune, déterminez ce qui a le plus compté.
- Motivations pratiques ? Payer ses factures, se sentir en sécurité, honorer ses dettes, …
- Motivations sociales ? Obtenir l’approbation de ses proches, apprécier la force d’un statut, être respecté.e, s’intégrer à un groupe, se sentir puissant.e, être reconnu.e, …
- Motivations morales ? Avoir de l’impact, faire du bien autour de soi, contribuer à un avenir meilleur, réduire la souffrance, …
- Accomplissement personnel ? Trouver du sens, développer son potentiel, augmenter sa confiance en soi, vivre une passion, …
- Style de vie ? Se sentir à l’équilibre, jouir d’une forme de flexibilité, gagner en liberté, améliorer son confort,
Qu’avez-vous finalement privilégié toutes ces années ? Et au contraire, qu’est-ce qui, selon vous, a été un peu négligé, mis de côté ?
À quelle hiérarchie aspirez-vous pour demain ?
Quand on aspire à un changement de vie, notamment à travers un changement professionnel, on a tendance à souhaiter tout un tas de choses différentes. C’est normal : nous sommes composés de plusieurs facettes, chacune désirant – et redoutant – des choses qui lui sont propres. Et comme certaines sources de motivation présentent des conflits d’intérêt avec d’autres (sécurité financière versus jouissance de temps libre par exemple), nous ne pouvons pas, par définition, obtenir tout ce que nous aurions aimé avoir. Bref, savoir ce qu’on veut repose sur un jeu de compromis.
Il n’y a qu’une façon de négocier ce compromis : avec lucidité !
Plutôt que de subir les conséquences d’un « squelette » invisible, faites apparaitre la structure pour y mettre la chair en conscience. Par exemple :
J’aspire à une vie où je privilégie le temps passé avec ma famille et mon besoin d’avoir un impact positif sur le monde.
Puis identifiez les conflits possibles entre ces facettes de votre vie car on ne peut pas nier le caractère irréconciliable de certains principes de vie.
Comment résoudre ces conflits ?
Poursuivons avec notre exemple commencé plus haut.
Je comprends que si je veux mettre ma famille et mon impact sur le monde en haut de la pile, je vais devoir renoncer à certaines choses : le sentiment de puissance que me conférait mon poste, la rémunération qui allait avec, l’approbation de mes parents qui admirent beaucoup ma carrière, la reconnaissance de mes pairs pour qui j’étais un modèle de réussite.
Suis-je prêt.e à ces renoncements ?
C’est LA question à se poser pour sortir du fantasme et construire un avenir susceptible de nous épanouir POUR DE VRAI.
Dans notre exemple, voilà ce que pourrait répondre notre cliente :
Suis-je prête à ces renoncements ? Dans une certaine mesure seulement. Je me rends compte que la question de la rémunération soulève de profondes peurs chez moi. J’ai besoin de préciser ce point. Après avoir établi mon budget-plancher pour vivre “bien” selon mes critères, je sais que je peux gagner moins (et de combien!) sans sacrifier des choses importantes pour moi et ma famille.
Ça me donne un repère précis pour mes futures décisions professionnelles. Je pourrai faire des concessions, mais pas à n’importe quel prix.
À la fin, ça donne quoi ?
Une hiérarchie assumée qui nous aidera à prendre des décisions cohérentes :
Pour demain, j’aspire à mettre ma famille et mon impact sur le monde en haut de la pile. Pour y arriver, je suis prête à renoncer à l’approbation de certains proches, la reconnaissance de mes pairs, le statut et le sentiment de puissance que me conférait mon poste, et à une partie de ma rémunération que je suis capable de chiffrer.
Maintenant il n’y a plus qu’à veiller à ce que cette nouvelle hiérarchie sous-tende vos grandes décisions mais surtout les micro-décisions du quotidien : celles qui changent vraiment la vie.