Trop agé pour changer de métier

Suis-je trop âgé(e) pour changer de métier ?

| 13 mai 2022

« Suis-je trop âgé(e) pour changer de métier ? ». Vous nous posez souvent cette question, inquiets, passés 50 ans, de ne plus pouvoir prendre un nouveau départ professionnel.

Alors y a-t-il un âge limite pour se reconvertir ? A partir de quand serait-on « trop vieux » pour prendre un nouveau départ professionnel ?

Des envies de changement en fin de carrière

Il n’y a pas d’âge pour que naisse en nous une envie de changement.

Quitter son travail parce qu’on en a fait le tour, se reconvertir pour explorer une nouvelle activité, exprimer d’autres talents, préparer sa retraite ou encore créer son entreprise quand on n’avait jamais osé le faire jusque-là… Les raisons d’ouvrir un nouveau chapitre professionnel, à 50 ans, 60 ans ou plus, sont nombreuses.

Et il n’est parfois pas question d’envie derrière les projets de reconversion. Certains changements sont en effet subis par des seniors[1] contraints de se réinventer à la suite d’un licenciement ou face à l’absence de perspectives dans des secteurs sinistrés.

Des épreuves plus personnelles peuvent aussi jouer le rôle de déclencheurs. Déménagement, séparation, départ des enfants poussent ainsi certains à bifurquer.

Un marché de l’emploi frileux à l’embauche des seniors

Quel que soit le déclencheur, les envies de changement des seniors se heurtent souvent à un marché de l’emploi encore frileux à leur embauche.

En effet, si le taux d’emploi des 55-64 ans a augmenté en France ces dernières années, passant de 37% en 2003 à plus de 56% en 2021 selon la DARES, il reste bien inférieur à la tranche d’âge inférieure (en 2020, le taux d’emploi des 50-54 ans dépasse les 80%) et l’un des plus faibles d’Europe.

En cause notamment une perception négative de ces profils expérimentés, trop souvent considérés comme « fatigués », « dépassés » ou « moins motivés » faisant de l’âge la première discrimination à l’embauche.

Dans ce paysage, des initiatives militent pour transformer cet a priori qui nuit à l’emploi des plus de 55 ans. La plateforme Embaucheunvieux.com par exemple s’attaque à ce sujet avec humour, à coups de campagnes décapantes du type « Vaccinez-vous contre la peur d’embaucher un vieux ».

Son fondateur explique : « Dans le monde du travail, dès 45 ans, pudiquement on devient « seniors »… mais franchement, pour le plus grand nombre, on est les vieux! Et pourtant on est tous le vieux de quelqu’un dès sa plus tendre enfance. Alors un brin provocateur, j’ai appelé ce site embauche-un-vieux.com pour interpeller, alerter et surtout agir pour l’inclusion des « dits » vieux sur le marché du travail et faire réfléchir, afin que cette date anniversaire symbolique ne soit pas vécue comme une date de péremption. ».

L’âge est une contrainte parmi d’autres

Les idées reçues sur l’âge ne sont pas les seuls obstacles aux projets de reconversion des plus de 55 ans.

Il existe des projets où une formation longue est indispensable, des projets où l’excellente condition physique est un pré-requis, des projets où il ne faut pas avoir peur de repartir de zéro.

Mais est-ce le lot des plus de 55 ans ?

La possibilité de se former sur plusieurs années, de financer sa formation, et de se financer le temps de la formation est un défi pour la majorité des gens.

Les difficultés physiques ou les problèmes de santé limitent tous ceux qui en ont, quel que soit l’âge.

La peur de repartir à zéro, de tout réapprendre et d’avoir à bâtir sa légitimité est présente en chacun de nous.

Si l’âge peut être une réelle contrainte quand on souhaite changer d’activité professionnelle, elle en est une comme il en existe d’autres, y compris chez les plus jeunes.

Les privilèges de l’âge

L’âge peut même apporter sa part de privilèges quand il s’agit de prendre un nouveau départ professionnel.

En effet, certains freins ont tendance à disparaitre avec l’âge. Les points suivants ne sont pas valables pour tout le monde mais correspondent à un schéma majoritaire en France.

L’argent

L’argent, premier frein cité par les personnes en transition professionnelle, peut devenir un obstacle secondaire quand l’habitation principale est payée ou qu’il n’y a plus d’enfants à charge.

Le temps

Le temps nécessaire à mettre sur pied un nouveau projet professionnel vient souvent à manquer quand on jongle entre son job actuel, ses enfants en bas âge et ses engagements associatifs ou amicaux. Une fois sorti de ces années à forte intensité, on peut retrouver des marges de manœuvre pour s’investir pleinement dans une nouvelle aventure professionnelle.

La pression sociale

Avec l’âge, certains de nos clients savourent une forme de délivrance. Délestés d’une forme de pression sociale et d’une vision de la « réussite », ils osent, à 50, 60 ans et plus, faire enfin ce qu’ils aiment. Ce sentiment de liberté pousse même certains d’entre eux à oser l’entreprenariat, là où c’était impensable avant.

Nous en parlons comme d’un « privilège » car la question de la pression sociale est centrale dans le travail que mènent nos clients pour s’autoriser à vivre une carrière qui leur ressemble. Quand ils s’en détachent, plus rien ne semble pouvoir les arrêter.

Le réseau

Tous ceux qui tentent de se reconvertir le savent bien : le réseau est un trésor. Le réseau est plein de personnes qui ne nous enferment pas dans des cases, de personnes prêtes à nous faire confiance, indépendamment de notre parcours professionnel ou notre âge. Il y a dans notre réseau des personnes qui nous connaissent pour ce qu’on est et qui sont prêtes à nous donner une occasion de faire autre chose, même si on n’a pas le profil-type.

C’est un trésor de disposer d’un bon réseau quand on change de voie, quand on repart de zéro ou quand on s’engage dans un métier sans le laisser-passer « j’ai déjà fait ça pendant 10 ans ». De ce point de vue, là encore, l’âge peut être un atout quand on a constitué un riche réseau professionnel et amical au fil des ans.

Quelques conseils pour vivre sa transition professionnelle sereinement, en particulier après 50 ans

Si vous envisagez un changement professionnel dans les mois qui viennent, voici quelques conseils pour vivre cette transition professionnelle le plus sereinement possible :

  • Être clair(e) sur sa motivation à changer de travail (et c’est vrai à tout âge !)
  • Faire le point sur ses compétences, ses appétences et ses marges de manœuvre (à travers un bilan de compétences par exemple)
  • Ne pas hésiter à se reformer là où le bât blesse
  • Être prêt(e) à se retrouver dans la position de celui ou celle qu’on initie à de nouvelles pratiques professionnelles
  • En parler autour de soi et mobiliser son réseau

Être celui ou celle que l’on veut être, y compris au travail

Nous pensions terminer cet article avec quelques bons conseils à tous ceux qui envisagent de changer de travail passés 50 ans. Force est de constater que ces conseils valent pour tous, indépendamment de l’âge.

Une transition professionnelle est un chemin passionnant, réjouissant … et souvent semé d’embuches. C’est une occasion, à tout âge, d’être celui ou celle que l’on veut être, y compris au travail. Les efforts consentis sont à la hauteur de cette belle ambition. Alors si c’est une ambition que vous partagez, ne lâchez rien !

Pour aller plus loin

Les recruteurs me trouvent trop vieux. Pour aller plus loin, nous vous proposons d’écouter le témoignage de Patrick, 56 ans, à la recherche d’un poste dans la vente, après 30 années de riches expériences. Son parcours met en lumière les principales difficultés des “travailleurs expérimentés”, comme on les appelle aussi.

Dans cet épisode du Profil de l’EmploiSandrine Chauvin donne également la parole à Catherine Barba, une pionnière du e-commerce installée aux États-Unis. Elle partage quelques bons conseils à l’adresse de ces “Seniors” trop actifs pour la retraite mais déjà “trop vieux” au goût des recruteurs.

 


[1] « Senior » : dans cet article, nous utilisons l’expression « senior », littéralement « plus vieux », pour faciliter le propos. Pour autant nous sommes conscients de l’ambiguïté de ce mot. Sont considérés comme seniors les 55-64 ans dans les catégories du Ministère du Travail ou de l’INSEE. Mais cette catégorie, comme il en existe d’autres, est le reflet d’un regard subjectif que la société porte sur elle-même. Différentes études montrent par exemple qu’en réalité, les gens se définissent comme seniors seulement à partir 70 ans et au-delà.

Partager l’article
En savoir plus ?

Connaissez-vous Banana Method ?

Découvrez une méthode puissante pour vous réinventer et prendre un nouveau départ !

Découvrir
Connaissez-vous Banana Method ?
Recevoir les Bananews
Inscrivez-vous à la newsletter

Conseils, témoignages, invitations à des événements…
Recevez régulièrement nos Bananews pour nourrir votre réflexion !