Mieux vivre son chômage

Mieux vivre son chômage

| 23 juin 2021

Le chômage est une expérience que beaucoup connaissent dans le cadre de leur transition professionnelle.

Subie ou choisie, c’est une situation à laquelle on est rarement préparé.

Facteur d’isolement et de dépression, le chômage ne ressemble pas, contrairement à ce que certains en pensent, à des vacances payées. Pourtant aux angoisses personnelles s’ajoutent le jugement de l’entourage et les remarques mal venues des recruteurs.

Alors comment mieux vivre cette période ? Comment transformer ce passage plein d’incertitudes en tremplin vers son prochain projet professionnel ?

Réinventer son rapport au temps

Il faut bien reconnaitre que nous ne sommes pas entrainés à gérer librement notre temps. Depuis la crèche, nos vies obéissent à un agenda (littéralement les choses à faire), celui de nos parents et celui d’institutions qui doivent “planifier” pour fonctionner.

Nous grandissons ainsi dans un rapport très cadré au temps où les horaires de travail se substituent naturellement aux horaires de classe.

Le chômage est donc pour certains la première expérience d’un temps vraiment libre à apprivoiser soi-même.

« Libre » ? L’adjectif peut sembler aussi cruel que le qualificatif « inactifs » pour décrire ceux qui souvent vivent la recherche d’emploi comme un travail à temps plein. Qu’elle se compte en heures passées à chercher des offres, refaire son CV, répondre à des annonces, mobiliser son réseau, ou en heures à y penser de façon obsessionnelle, la charge qu’assume le chômeur n’est pas exactement celle de quelqu’un d’inactif. Pour autant, plus que dans un emploi salarié, l’utilisation de son temps est libre.

Et, passés les jours où on s’accorde un repos bien mérité, ce temps disponible peut devenir vertigineux.

La perte de repères est d’autant plus frappante qu’on expérimente une forme de décalage avec le reste du monde qui continue à tourner selon des horaires contraints (embauche, débauche, pause déjeuner, sortie d’école, passage du bus, etc.).

Pour bien vivre cette période sans emploi salarié, il convient donc de réinventer son rapport au temps.

Cette fois, le cadre c’est au chômeur de le construire :

  • Certains auront besoin de reproduire les contraintes familières : 2 demi-journées de travail séparées par une pause déjeuner.
  • D’autres n’auront besoin que d’un point d’accroche avec les actifs en partageant le créneau du déjeuner par exemple.
  • D’autres se sentiront démunis face à ce temps « libre » et à l’incapacité de se projeter.

Trouvez le rapport qui vous ressemble, suffisamment contraignant si vous en sentez le besoin, suffisamment libre si vous avez besoin d’explorer de nouveaux domaines et de prendre le temps de l’introspection.

Redéfinir son identité

Le travail est un attribut identitaire très fort. C’est souvent la première information qu’on nous demande ou qu’on fournit en faisant connaissance. « Je suis avocat » ou « je suis commercial » comme pour résumer ce que nous sommes.
Comment s’identifier au fait d’être à la recherche d’emploi ? Et en même temps, comment continuer à se définir comme commercial quand on n’exerce plus ?

L’expérience du chômage nous amène alors à faire un exercice salvateur : interroger notre identité au-delà de l’identité professionnelle. Qui suis-je ? Un parent, un ami fidèle, un amateur de cyclisme, un militant, un fan de jeux vidéo, une personne à un carrefour professionnel qui construit son futur projet… Des identités multiples et riches qu’on néglige trop souvent au détriment de la carte de visite.

L’exercice est d’autant plus intéressant pour ceux qui, par héritage familial ou acculturation, considèrent que leur valeur dépend du travail fourni. Salaire, charge de travail qu’on rapporte avec soi le soir, titre et responsabilités disent à tous qu’on est important, qu’on a du mérite ! Alors sans ça, que valez-vous ?

S’affranchir du regard des autres

« J’ai honte » … Combien de fois des clients sans emploi m’ont fait cet aveu terrible ? La honte pour décrire la culpabilité d’être un poids pour la société, la honte d’être inactif, l’angoisse de ne pas pouvoir répondre aux curieux ou, pire, la gêne sous le regard pressant du compagnon de vie dont le couple est, dans cette épreuve, déséquilibré.

« Tu as de la chance ! J’aimerais trop être à ta place ! », « Tu t’emmerdes pas après seulement 2 ans d’emploi… », « Heureux de financer tes vacances », « Et tu comptes faire quoi ? », « Mais il y a du travail à pourvoir partout ! »
Les remarques, bien ou mal intentionnées, parlent d’abord des peurs et de la vision du monde de celui qui les prononcent.

C’est pourquoi mieux vivre son chômage exige de s’affranchir du regard des autres autant que possible.

Et si c’est difficile, identifiez les personnes à éviter pendant quelques temps.

Garder le cap

La vie de celui ou celle qui recherche un emploi ressemble généralement à des montagnes russes, rythmée par les bonnes annonces dénichées, les CV envoyés et les entretiens décrochés. Le temps se dilate pendant des jours de veille en ligne jusqu’à ce que tout s’accélère en un coup de fil. L’excitation et la détermination laisseront place à un profond abattement en cas de refus. Il faudra pourtant se remettre en selle, y croire à nouveau, convaincre son interlocuteur qu’on est né pour faire ce job et rejoindre cette équipe… Et ça autant de fois que nécessaire.

Qu’il est dur dans ces conditions de garder le cap !

Ce qui peut aider ?

  • S’accorder des pauses. Des vraies ! Changer d’air, faire autre chose, penser à autre chose, partir en week-end.
  • Se rappeler la « big picture », le grand plan dans lequel vos actions s’inscrivent. Une candidature n’est qu’une action parmi beaucoup d’autres qui concourent à votre futur professionnel. Rappelez-vous ce que vous cherchez, pourquoi vous faites tout ça, ce que vous ne voulez plus et ce qui, au contraire, est devenu une priorité. Bref, remettez en perspective les déceptions d’un jour.

Si le taux de transformation est anormalement faible, n’hésitez pas à solliciter l’avis de professionnels des ressources humaines, recruteurs ou connaisseurs du secteur que vous visez. Si votre façon de vous présenter vous dessert autant le savoir vite pour vite corriger le tir.

Faire de son chômage une opportunité pour bifurquer

Perte de repères, culpabilité, pression sociale, candidatures vaines … le chômage est indubitablement un défi. Pourtant, cette période offre une opportunité unique pour questionner son futur professionnel.

Le temps du chômage peut en effet devenir un temps de reconnexion à soi, à ses loisirs délaissés et aux curiosités snobées jusque-là. Les anglo-saxons parlent de funemployment (contraction de fun et d’unployment). Ainsi par « hasard », par rencontre et par rebonds, vous découvrirez peut-être des activités, des enjeux, des rôles ou des environnements que vous souhaiterez investir pour la suite de votre carrière.

C’est aussi le moment de faire la rétrospective des expériences passées : qu’est-ce que j’ai aimé ? Qu’est-ce que j’ai appris ? Qu’est-ce qui m’a rendu fier(e) ? Qu’est-ce que j’ai réussi ? Qu’est-ce qui s’est mal passé ? Qu’est-ce que j’aurais aimé faire différemment ? Qu’est-ce qui m’a amené(e) là où je suis ?

Cette relecture de parcours permettra certainement de faire apparaitre des schémas professionnels qui caractérisent vos expériences, vos relations au travail et votre façon de faire des choix. Alors, on continue ou on en change ? C’est le moment idéal de se poser la question.

Et si c’est difficile d’y répondre seul, on peut profiter d’être au chômage pour réaliser un bilan de compétences ou se faire accompagner par un coach de carrière.

Mais quelle que soit votre situation, que vous sachiez vers quoi vous dirigez ou pas, vous aurez besoin de temps pour explorer des idées jusque-là jamais prises au sérieux, poser les premières briques d’un projet, rencontrer du monde, tester vos idées ou vous former.

Dernière précaution

Je remarque souvent chez mes clients sans emploi une tension entre deux pôles :

  • l’urgence de retravailler le plus vite possible d’un côté,
  • l’envie de profiter de ce temps enfin disponible de l’autre.

Alors, à tous :
Dans votre désir de retravailler le plus vite possible, ne condamnez pas les opportunités de trouver quelque chose de bien pour vous ou de vous poser des questions saines à pareil moment de votre carrière.

Dans votre désir de profiter de ce temps enfin disponible, veillez à ne pas laisser filer les semaines entre vos doigts sans en sortir grandi(e) d’une manière ou d’une autre.

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